Assemblée : l’allocution testament de Marcel Tuihani


Le président de l’assemblée de la Polynésie française a profité de la tribune qui lui était offerte, jeudi matin à la séance d’ouverture de la session budgétaire, pour prononcer une invitation aux élus locaux à gérer la chose publique différemment.
 
C'est la dernière ligne droite, pour les élus de Tarahoi. La session budgétaire 2017 s’est ouverte jeudi matin à l’assemblée de la Polynésie française avec la traditionnelle cérémonie solennelle. Elle s’achèvera en décembre par le vote du budget primitif de la collectivité pour l’exercice à venir. La session administrative 2018 ne s’ouvrira qu’après les élections territoriales d’avril prochain, en présence de la nouvelle assemblée constituée. C’est un peu dans cette ambiance de fin de règne que s’est tenue la cérémonie solennelle d’ouverture de la session budgétaire, pour le président de l’assemblée.
 
Pour l’instant, hors des partis qui occupent le paysage politique local, Marcel Tuihani ne peut pas ignorer que son avenir est pour le moins incertain à Tarahoi. Le président de l’assemblée a prononcé une allocution, en forme d’invitation adressée aux élus, à changer leur attitude à l’égard de la gestion de la chose publique. À œuvrer pour l’intérêt général plus que pour le particulier. A regarder en face les grands enjeux qui se présentent à la collectivité et à adopter les mesures adaptées dans une démarche consensuelle et non partisane : les enjeux sanitaires, économiques et sociétaux de l’ère post-CEP ; les défis que devra relever la collectivité polynésienne pour faire face aux effets du changement climatique.

"C’est une allocution d’intérêt général qui sort du périmètre strict de l’Institution, par laquelle j’ai souhaité m’inscrire dans le temps puisque de toute évidence, le mandat s’arrête dans quelques mois", a-t-il reconnu à l’issue de la séance d’ouverture. "C’est une invitation à voir les choses d’une autre manière : si nous persistons dans notre manière de gérer et de gouverner, je ne suis pas certain que nous aurons les résultats attendus. Et je ne partage pas entièrement la satisfaction exprimée par le gouvernement. La rue perçoit les choses d’une autre manière. J’ai tenté d’inviter chacun d’entre nous à voir la gouvernance d’une autre manière".

Après avoir fait un bref bilan de son mandat au perchoir, en soulignant son attitude non partisane, il a souhaité interpellé les élus polynésiens sur la nécessité de "l’émergence d’un gouvernement d’union", dans le futur, pour impulser "une dynamique nouvelle qui profitera au développement" : "Un tel gouvernement d’union ne sera possible que sur la base d’un pacte qui laissera de côté les aspects idéologiques qui alimentent nos guerres de tranchées, pour se concentrer sur les priorités du développement".
 
"Je propose de mettre en place un véritable code éthique de la politique", a-t-il aussi prôné, afin de poursuivre au plan local l’élan impulsé à Paris avec la loi de moralisation politique. "Au nom de quelle liberté supérieure, dont ne jouiraient pas les autres citoyens, nous les politiques, nous pourrions nous permettre de nous placer au-dessus de toute exigence éthique et morale ?".
 
Et pour ceux qui resteraient dubitatif devant une telle évolution du comportement des politiques : "il n’y a pas de progrès sans utopie", observe-t-il. "Tout changement a d’abord commencé par un rêve".

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Vendredi 22 Septembre 2017 à 01:00 | Lu 1276 fois